Il est toujours révélateur lorsque l’on écrit quelques lignes sur la féminisation des noms de métiers de se voir, pour certains d’entre eux, rappeler à l’ordre par le « correcteur » de son ordinateur… je vais dès demain prendre l’application « correctrice ».
Ce débat animé n’est pourtant pas récent, comme le rappelle l’ouvrage « Femme , j’écris ton nom » * : déjà en 1929, dans son recueil au titre évocateur, « Querelles de langage », le grammairien André Thérive citait « la querelle des féminins, qui a fort agité l’opinion […] », et évoquait, entre autres, l’acceptabilité de doctoresse et de autoresse, la fortune de chefesse et typesse, la connotation ironique donnée à peintresse et la rareté de artisane. »
Aujourd’hui encore, si une femme dirige une école, on dira naturellement Madame la directrice ; mais si elle gère une entreprise ou une collectivité locale on hésitera encore trop souvent entre Madame le directeur ou la directrice .
J’aime assez l’idée que Madame le Directeur ramène à la fonction, et Madame la Directrice à la personne… l’occasion de rappeler à certains managers territoriaux, souvent masculins, que l’autorité n’est pas directement liée à la fonction !
Hugues Perinel
* Femme, j’écris ton nom… : guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions d’Annie BECQUER Bernard, CERQUIGLINI, Nicole CHOLEWKA. Editions La Documentation Française.

